GABIN VILLIÈRE
le nouvel espoir du XV de France
Originaire de Vire où il a fait ses premières passes avec le ballon ovale, Gabin Villière est aujourd’hui titulaire de l’équipe de France de rugby avec laquelle il vient de participer au Tournoi des six nations. Entretien avec le jeune Calvadosien qui incarne aujourd’hui le nouvel élan du XV de France.
Gabin Villière : C’est la ville où j’ai grandi et où j’ai tout appris. C’est là aussi où j’ai encore mes attaches, une partie de ma famille et mes amis. Dès que je le peux, j’y reviens.
J’y ai découvert le rugby au cours d’une journée sport découverte, à 6 ans. J’avais beaucoup d’énergie à revendre et mes parents m’ont inscrit au club. Dès que j’ai découvert le rugby, j’ai eu un coup de cœur et on ne s’est jamais lâchés depuis. J’ai directement accroché.
C. M. : Qu’est-ce que le rugby représentait pour vous à l’époque ?
G. V. : J’aimais les valeurs du rugby, sa pratique, les éducateurs avec qui j’ai toujours des liens aujourd’hui, le combat collectif, défendre, les courses, les mêlées… Je me retrouvais dans tout ce que représente le rugby et ça me permettait de me canaliser. Jeune, j’étais celui qui était petit et pas fort. Je voulais montrer que j’étais capable, prouver que le physique n’est pas l’atout principal d’un joueur, qu’on peut se démarquer avec un profil atypique et que tout le monde peut avoir sa place dans le rugby. Je voulais d’abord me prouver à moi-même que c’était possible, me confronter à plus fort, plus lourd. Je n’étais pas seul pour y arriver. Il y avait les éducateurs pour nous aider à grandir et avoir confiance en nous. Nous étions dans un environnement favorable. J’ai mangé du rugby autant que possible. Pour moi, c’était une passion.
C.M : Comment s’est déroulée la suite de votre parcours ?
G. V. : Il y a d’abord eu les sélections départementales puis régionales. Jusqu’à l’âge de 15 ans, je voulais juste profiter. C’est à partir de 16, 17 ans que j’ai commencé à avoir le déclic et l’envie d’essayer de faire du rugby mon métier. À cet âge, beaucoup sont déjà en équipe de France des moins de 20 ans. Je suis parti et j’ai fait le tour des centres d’entraînement de France pour intégrer un club. Ça n’a pas marché mais je voulais quand même manger du rugby. J’ai finalement été pris au Stade rouennais, au 4e niveau. Mon objectif était alors de me montrer pour essayer d’intégrer l’équipe première. Cela a pris du temps. C’était long d’attendre sa chance mais ça a fini par arriver. En 2017, je suis devenu titulaire de l’équipe première. J’avais 22 ans. J’ai commencé à avoir des propositions. En 2019, je suis parti au RC Toulon après que Patrice Collazzo m’a contacté. Je supportais ce club et l’intégrer était déjà un rêve pour moi. La première année a été difficile mais maintenant je me sens bien dans ce club et avec cette équipe.
C.M : Comment a commencé l’histoire avec l’équipe de France ?
G. V. : J’ai été contacté la première fois à la fin de ma saison à Rouen. Puis j’ai enchaîné les matchs avec Toulon et en 2020, j’ai été appelé en Équipe de France pour remplacer un joueur qui avait la Covid. Il y a eu une première tournée à l’automne et c’est là que tout a commencé. J’ai eu la chance de pouvoir me montrer, faire mes preuves. C’est énorme de pouvoir jouer en Équipe de France, cette équipe dont on parle tout le temps. Ça se passe bien, c’est très sain. C’est vraiment incroyable pour moi, ça me donne encore plus envie de travailler, d’apprendre, de progresser.
© Brendan Moran by Gettyimages
C. M. : Comment envisagez-vous l’avenir ?
G. V. : J’espère me faire une place dans cette équipe de France, devenir une pièce importante de ce groupe. J’envisage la coupe du monde de 2023 qui arrive, il ne faut pas louper sa chance. J’espère gagner le maximum de titres avec cette équipe et celle de Toulon, et rapporter des trophées. Ce poste d’ailier gauche me correspond vraiment bien car il me laisse beaucoup de liberté de jeu.
C.M : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours ?
G. V. : L’enfant de Vire de 6 ans rêvait de ça même si je ne me rendais pas compte. Je repense à mon parcours, aux épreuves que j’ai dû affronter et aujourd’hui je savoure, je profite. Je suis la preuve qu’en s’accrochant, les choses finissent par arriver. J’éprouve beaucoup de fierté à venir de la Normandie, à montrer qu’il y a des sportifs dans cette région, que peu importe d’où l’on vient, qui l’on est, tout est possible.
Vincent SIMON et Jérôme OLLIVIER – Entraineurs du club de rugby de Vire
Calvados Magazine : Qu’est-ce que le club de rugby de Vire a apporté à Gabin ?
Vincent SIMON et Jérôme OLLIVIER : Nous n’avons pas tout à fait la même façon de faire que dans les autres clubs. Le rugby est un sport collectif et de combat où il faut être solidaire. Il y a donc l’apprentissage de la technique bien sûr, mais aussi tout ce que l’on apporte aux enfants à côté. Notre objectif, à l’époque de Gabin, et aujourd’hui encore, était de donner envie aux enfants de rester au club en leur proposant d’autres activités en parallèle, en développant d’autres compétences, sous un autre prisme, afin de leur inculquer les valeurs de la vie et celle du rugby. Nous n’avions pas non plus de stéréotypes sur le physique que devait avoir un joueur de rugby. Ce qui nous intéressait, c’était leur savoir-vivre ensemble. C’est peut-être pour ça qu’on a toujours eu beaucoup de monde. Nous avons formé beaucoup de joueurs même si tous n’ont pas le parcours de Gabin. Notre plus grande fierté est d’avoir aider des jeunes à grandir, à devenir des adultes responsables et épanouis.
C; M. : Quels souvenirs gardez-vous de Gabin au club ?
Vincent SIMON et Jérôme OLLIVIER : Gabin est arrivé en 2001. C’était le plus petit de sa génération mais il était très malin et pétillant. C’était un des leaders de son groupe de copains qui était très prometteur. Nous avons fait plein de choses avec eux. Il y avait une synergie incroyable dans ce groupe. Nous avons enseigné à Gabin de ne jamais baisser les bras face à l’échec. On ne lui mettait pas la pression, on le rassurait quand il prenait des claques. Il savait écouter au bon moment ce qu’on lui proposait. On se souvient surtout qu’il prenait du plaisir à jouer, il avait toujours le sourire et était content d’être sur le terrain.
C.M : Quel regard portez-vous sur son parcours ?
Vincent SIMON et Jérôme OLLIVIER : Il a évolué, gagné en maturité. Le rugby l’a aidé à devenir un homme. Il y a toujours cru, su tirer le meilleur de ses échecs et de ses rencontres. Sa réussite, il se la doit à lui-même, à son travail et son talent. Il a toujours dû faire ses preuves et il a cassé tous les codes. Il reste le même, est toujours entouré des mêmes copains. Il a toujours été humble. C’est un formidable combattant. Nous sommes contents et fiers de ce qu’il est en train de devenir et de ce qu’il véhicule aujourd’hui.
C.M : En quoi sa réussite est-elle un atout pour le club ?
V.S et J.O : Ça met le projecteur sur le club de Vire. Maintenant on nous arrête dans la rue pour nous parler du club et de Gabin. Il apporte un souffle nouveau à la ville. Sa réussite montre surtout que même en zone rurale, on peut réussir, on peut y arriver.
Le rôle du comité est de développer les écoles de rugby et de mettre en place un plan d’orientation stratégique de rugby sur le territoire. Nous sélectionnons également les joueuses et joueurs pour l’équipe départementale. Notre partenariat avec le Département du Calvados est important car il nous soutient financièrement et a un vrai rôle de conseil dans notre organisation et nos actions. Gabin est un bel exemple et un bel espoir pour le Calvados, qui n’est pas une terre de rugby, et une belle image pour les petits sportifs ! »
Sandrine Romagne, Présidente du comité du Calvados de rugby
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Parce qu’ils sont les ambassadeurs du territoire et un exemple d’excellence pour les jeunes, le Département soutient les sportifs en devenir et les grands clubs du Calvados.