LES ÉPIS DE FAÎTAGE :
le succès de la poterie
du Mesnil de Bavent
Symboles de prospérité avant de devenir éléments de décoration, les épis de faîtages font le succès de la Poterie du Mesnil de Bavent depuis 180 ans. Focus sur cet élément d’architecture typique du Calvados, dominant fièrement les toits des plus belles demeures.
Une fabrication artisanale
Présent dès le XIIe siècle, l’épi de faîtage est fabriqué en plomb jusqu’au 15e siècle. C’est à cette période que le Pays d’Auge devient le théâtre d’une petite révolution en choisissant de fabriquer ses épis en terre et plus particulièrement en argile riche, donnant cette belle coloration aux pièces, une fois cuites. Mais il faut attendre un siècle encore avant de voir apparaitre l’épi de faîtage recouvert d’émail et de couleurs multiples.
L’épi est tourné ou façonné dans l’argile par le potier et décoré de motifs incisés, modelés en relief ou marqués en creux au pouce. À côté d’épis très sobres, proches de la poterie utilitaire et ayant surtout une fonction architecturale, existent des pièces plus complexes, composées de nombreux éléments superposés, assemblés et rehaussés d’une glaçure verte ou d’émail polychrome. Modulables à volonté, ils sont à l’image de la richesse et des désirs de leur propriétaire. Généralement composés de trois éléments principaux pouvant être séparés par des éléments intermédiaires, l’épi de faîtage présente une base, un motif central et généralement un oiseau (pigeon, crécerelle ou pélican) en couronnement, afin de terminer l’ensemble. Les représentations d’animaux, de personnages en costumes d’époque, les motifs géométriques ou caricaturaux reflètent l’imagination des artisans et possèdent parfois une fonction quasi magique de protection.
Le site de la Poterie du Mesnil abrite des bâtiments de presque deux siècles, dont seuls les fours ont été changés.
Bavent, terre de création
Active depuis le Moyen Âge, c’est en 1842 que la poterie du Mesnil de Bavent se modernise et choisit d’arrêter la fabrication de tuiles et d’ustensiles utilitaires pour créer des épis de faîtage dont l’origine remonte aux créations chinoises du IIIe millénaire avant Jésus-Christ. Un choix qui se révèle judicieux quand l’épi de faîtage devient peu à peu l’ornement obligé des manoirs, des maisons de maîtres et de toute demeure prospère dans la région du Pays d’Auge qui traverse alors une longue période d’opulence. Si les épis connaissent une grande vogue au milieu du XIXe siècle avec le développement de la Côte Fleurie et voient leur succès continuer jusqu’en 1940, il s’arrête net en 1944 quand les bâtiments de la poterie sont fortement endommagés par les bombardements. L’entreprise artisanale devra alors attendre 1950 pour voir sa production artistique reprendre à Bavent.« Les représentations d’animaux, de personnages en costumes d’époque […] possèdent parfois une fonction quasi magique de protection. »
Un savoir-faire tourné vers l’avenir
Aujourd’hui renommée pour ses épis de faîtage traditionnels, la Poterie du Mesnil de Bavent continue de travailler ses produits comme autrefois, de façon entièrement manuelle, dans son atelier de fabrication scindé en trois parties : le modelage et l’estampage, le potier et l’émaillage. Résolument tournée vers l’avenir, elle imagine chaque jour les épis qui sauront séduire les propriétaires de demain. Chaque année, elle renouvelle sa collection en introduisant de nouveaux modèles, répondant à l’architecture simplifiée et épurée des maisons individuelles. Depuis plusieurs années, la Poterie du Mesnil de Bavent organise des concours avec la participation d’artistes, d’architectes, de public et d’écoles de la région pour concevoir des éléments de toitures contemporains. De quoi susciter une création sans limite et faire perdurer ce savoir-faire calvadosien dans le temps.
Dans l’atelier, des pièces uniques peuvent être entièrement sculptées à la main, sans l’utilisation de moules.
Cet article a été réalisé en collaboration avec les Archives du Calvados.
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