Il y a trente ans disparaissait
MICHEL D’ORNANO
Le 8 mars 1991, le Calvados et toute la France apprenaient avec stupeur le décès accidentel de Michel d’Ornano, renversé par une camionnette en traversant une rue de Saint-Cloud près de Paris. Pendant trois décennies, il avait été l’homme fort du Département du Calvados et de la Région, mais aussi un ministre engagé et reconnu.
Né en 1924 à Paris d’un père d’origine corse et d’une mère polonaise, Michel d’Ornano fait des études de droit. Jeune industriel, il devient rapidement un grand capitaine d’industrie après avoir co-fondé avec son frère les parfums Jean d’Albret et les cosmétiques Orlane.
C’est en 1962 qu’il entre en politique comme maire de Deauville. Il faut dire qu’il connaît bien la ville, lieu de villégiature favori de ses parents. Il ne quitte plus dès lors le Calvados et la Basse-Normandie. Elu député en 1967, puis Président du Conseil Général (actuel Département du Calvados) en 1979, il prend la présidence du Conseil Régional de Basse-Normandie entre 1983 et 1986.
Co-fondateur des Républicains Indépendants, Michel d’Ornano exerce durant toute sa vie politique des responsabilités importantes au sein de l’UDF et du PR. Ami fidèle de Valéry Giscard d’Estaing, il occupe plusieurs postes de ministre entre 1974 et 1981.
« Je ne cherche pas à être populaire, je cherche à faire des choses. J’ai l’ambition d’être et non pas de paraître. »
Michel d’Ornano
Parmi ses grandes réalisations, l’implantation à Caen du GANIL reste une de ses actions phares. Il a d’ailleurs beaucoup travaillé à l’édification du programme électronucléaire français. On lui doit également la construction de l’autoroute A13, l’arrivée du turbotrain et l’électrification de la ligne ferroviaire Paris-Cherbourg, qui ont largement contribué au désenclavement du territoire.
Pugnace, intelligent et travailleur, il met toujours un point d’honneur à connaître parfaitement ses dossiers et à défendre le Calvados et la Basse-Normandie. Cette volonté lui vaudra le surnom de « Duc de Normandie ».
Le 8 mars 1991, Deauville, le Calvados et la Normandie sont en état de choc après avoir appris la nouvelle. C’est un hommage national qui lui est rendu lors de ses obsèques en présence de Valéry Giscard d’Estaing et de nombreux ministres et hommes politiques. Dans la presse, la population lui rend aussi hommage. Philippe Augier, actuel maire de Deauville, dit de Michel d’Ornano : « j’ai perdu mon mentor ». Et rappelle comment Michel d’Ornano « a sorti Deauville de son sommeil pour en faire la ville qu’elle est aujourd’hui ». Nicole Ameline, sa suppléante au poste de député au moment de son décès, reconnaît avoir suivi son exemple en politique : « c’était un homme droit avec une véritable vision politique, un sens éthique et un profond humanisme ».
Jean-Léonce Dupont, président du Département du Calvados, aime rappeler que c’est Michel d’Ornano qui l’a poussé à continuer en politique alors qu’il était adjoint à la mairie de Bayeux. « J’avais une opportunité professionnelle près de Montpellier et je me questionnais. Il a tout de suite trouvé les mots justes pour me donner envie de m’engager pour mes idées et pour le Calvados ».
Très discret sur sa vie privée, Michel d’Ornano a toujours mené de front sa vie publique et sa vie de famille. Son fils, Jean-Guillaume dit de lui « qu’il était un père aimant et bienveillant ».
Son épouse, Anne d’Ornano, aime à rappeler qu’il lui a fait « un cadeau extraordinaire en la poussant à se présenter à la mairie de Deauville puis à la présidence du Département du Calvados ».
Deux ans après son décès, en 1993, Jean-Marie Girault, maire de Caen à l’époque, décidait de donner le nom de Michel d’Ornano au stade de football de Caen, un autre bel hommage.
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