Une journée à la FERME DE L’ORAILLE
Au cœur du Pays d’Auge, à Douville-en-Auge, Sabine et Gilbert Houlet produisent et transforment le lait de leurs vaches en crème, fromages, yaourts… Calvados Magazine a visité, le temps d’une journée, les coulisses de l’exploitation familiale pour découvrir la vie à la ferme… et quelques secrets de fabrication.
Photos Laurent Besnehard
Le soleil vient de se lever…
Debout depuis 5 h ce matin, Gilbert a déjà rassemblé et trait ses 180 vaches laitières, stocké le lait dans les tanks et nettoyé la salle de traite. Dans la stabulation, Medhi donne du foin aux bêtes avec le tracteur tandis que l’on entend les veaux se manifester dans leurs niches. C’est bientôt l’heure de la pause. Tout le monde se retrouve autour d’un café et d’un yaourt maison, le temps d’échanger sur le planning de la journée et de la semaine.
Le lait sous toutes ses formes
Natacha et Andréa s’affairent dans la fromagerie où Pavé d’Auge et Pont-l’Évêque AOP prennent forme avant d’être mis en salle d’affinage durant 14 jours. Dans l’atelier frais, Sabine et ses deux salariées, tout de blanc vêtues, écrèment le lait, fraîchement sorti des tanks, qui servira à la fabrication de la crème, du beurre, des yaourts et du fromage blanc. Pas le temps de s’attarder, il faut encore préparer les commandes qu’Anne, l’une des filles de Sabine et Gilbert, livrera demain matin dans les crèmeries, épiceries, restaurants collectifs et grandes surfaces de la région.
On se presse dans la boutique…
Alors que la boutique de la ferme s’apprête à ouvrir, la file d’attente s’allonge à l’extérieur. Deux par deux, les clients entrent s’approvisionner en produits de la ferme et autres produits locaux dans la salle où pots de lait anciens et photos de vaches se côtoient. « Il vient d’ici, votre chèvre ? », demande une dame. Anne prend des nouvelles des habitués pendant qu’elle réapprovisionne les rayons, et sert les clients.
Dehors, tandis que le soleil commence à baisser, les vaches s’approchent doucement de la stabulation pour la traite du soir. « Allez, on y va », lance doucement Gilbert en sifflant derrière le troupeau. Ce soir, il faudra encore faire boire les veaux avant de rentrer à la maison…
Sabine Houlet
Je travaille à la ferme avec mon mari depuis 1993. En 2004, nous avons eu l’idée de transformer le lait de nos vaches en crème, fromage blanc, yaourts… Je me suis formée à la transformation du lait puis j’ai créé l’activité en commençant à fabriquer les produits dans le garage avant de mettre en place l’atelier frais. En 2012, nous avons créé un atelier de fabrication de Pont-l’Évêque AOP et de Pavé d’Auge au lait cru. Sortir des produits, voir les gens les acheter et les consommer, c’est une vraie fierté et ça fait toujours plaisir d’entendre les gens vous dire qu’ils les ont trouvés bons. On alterne fabrication de yaourts, fromage blanc, beurre, crème selon les jours de la semaine. On sort 5 000 yaourts en moyenne chaque semaine. La production du frais est rapide contrairement au fromage qui, lui, demande de l’affinage. J’ai formé beaucoup de personnes. Transmettre, c’est ce qui me plaît ».
Gilbert Houlet
Cette ferme était celle de mes parents. Ils sont arrivés en 1972. J’avais envie de continuer leur travail alors je les ai rejoints en 1982. J’aime les animaux, et c’est un métier où l’on touche à tout : agronomie, électricité, mécanique, génétique, médecine vétérinaire… Comme j’ai l’esprit d’entreprendre et de créer, on a lancé les circuits courts il y a 20 ans. Aujourd’hui, nous avons 400 animaux dont 180 vaches laitières.
La profession a beaucoup évolué. Ce n’est plus aussi simple aujourd’hui. Il y a beaucoup plus de contraintes, et l’administratif nous prend beaucoup de temps ».
Retrouvez la vidéo tournée à la ferme de l’Oraille pendant la semaine de l’agriculture française sur
Anne Houlet
Quand on a lancé la fabrication des fromages il y a 10 ans, on s’est dit : pourquoi ne pas ouvrir un point de vente à la ferme pour mieux valoriser nos produits ? On a construit le bâtiment dans l’esprit architectural local, et nous recevons les clients trois après-midi par semaine. La boutique permet le contact direct avec les clients qui aiment voir l’environnement et le lieu de production. Nous avons une part d’habitués mais aussi des touristes qui aiment venir à la ferme pour voir les animaux et même la traite parfois. On sent que les consommateurs ont besoin de voir où et comment sont fabriqués les produits qu’ils achètent, de nous entendre en parler. Il y a également une prise de conscience chez les consommateurs d’acheter local et de qualité ».
Le saviez-vous ?
Dans le cadre de sa politique agricole d’un budget de 2,5 M€, le Département accompagne les exploitations agricoles du territoire. La ferme de l’Oraille a ainsi pu bénéficier d’une subvention pour acquérir une baratte à beurre et une conditionneuse à yaourts. En 2021, le Département a financé la pose de panneaux d’information dans des exploitations situées sur la route des fromages pour sensibiliser les touristes aux savoir-faire locaux. La ferme de l’Oraille a bénéficié de ce dispositif.
Retrouvez la vidéo tournée à la ferme de l’Oraille pendant la semaine de l’agriculture française sur
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