Après une Route du Rhum réussie
Les projets du skipper Pierre-Louis Attwell pour 2023
Après une année riche en belles aventures sportives, dont sa 27e place à la Route du Rhum en novembre, le skipper calvadosien Pierre-Louis Attwell portera de nouveaux défis en 2023. Faisons le point avec lui sur ses projets.
© Qaptur
© Qaptur
Retour sur la Route du Rhum
C’est début novembre que Pierre-Louis Attwell a pris le départ de l’édition 2022 de la Route du Rhum sur son voilier « Vogue avec un Crohn ». Nous l’avions longuement interviewé pour l’Emag du Calvados juste avant. Aujourd’hui, avant de nous parler de ses projets, il revient sur sa participation à cette course mythique. « C’était ma première course transatlantique en solitaire et j’ai vécu une expérience incroyable, avec des moments extraordinaires mais aussi des moments de doute et des moments difficiles comme toujours dans ce genre de course. C’est d’ailleurs ce qui en fait l’attrait pour les skippers. »
Un début de course difficile
La course avait mal débuté pour Pierre-Louis : une collision avec un autre concurrent au large de la Bretagne l’avait obligé à s’arrêter à Camaret pour des réparations. « À ce moment-là, le moral était au plus bas. Mais rapidement j’ai repris confiance lorsque j’ai vu avec quelle rapidité mon équipe a réagi. Maxime Bensa, mon préparateur technique, a envoyé un réparateur dans les deux heures qui ont suivi et mon bateau a été pris en charge tout de suite. Le temps des réparations, je me suis donc retrouvé à terre et c’était un moment surréaliste pour moi car je ne m’étais pas du tout préparé à ça. D’ailleurs dès que le bateau a été prêt, j’ai levé l’ancre aussitôt, de nuit, sans attendre plus. J’avais soif de reprendre la course, de me remettre dans ma bulle. »
Vivre pleinement cette expérience en solitaire
Les jours qui ont suivi ont été durs car Pierre-Louis n’avait qu’un objectif : recoller à la flotte le plus vite possible. « Lorsque j’ai vu les autres bateaux au loin, je me suis dit que c’était parti pour de vrai cette fois. C’était très stimulant. Pendant quelques jours, le vent a soufflé très fort. Je m’y attendais mais ce n’était pas très agréable quand même. Je me suis dit que le plus important était d’avoir pu reprendre la course et que je devais m’accrocher à mon objectif : vivre pleinement cette première expérience et pouvoir raconter tout ça, comme prévu, aux patients atteints comme moi d’une maladie intestinale. »
L’importance de l’encouragement des proches
Une période plus difficile moralement a suivi pour le skipper. Moins de vent, peu de choix stratégiques. « Comme j’avais cassé mes deux spis, je n’étais pas très rapide. J’ai trouvé le temps long à ce moment-là et j’ai senti un passage à vide. J’ai pensé aux gens qui me suivaient sur les réseaux sociaux, aux patients malades, à mes partenaires, à mes amis et à ma famille. On m’a transmis des mails qui m’ont beaucoup ému et ça m’a fait beaucoup de bien. »
Une fin de course plus stratégique
La fin de course a été plus intense car c’était l’occasion pour Pierre-Louis de faire des coups stratégiques dans un jeu plus ouvert. « Je n’ai quasiment pas dormi durant les deux derniers jours. J’ai pris mes barres de céréales, mes compotes et je me suis mis en mode “warrior” ! J’avais le sentiment de faire les bons choix et j’étais galvanisé. J’ai réussi à passer des concurrents et j’ai terminé 27e des Class 40 en 19 jours, 5 heures et 10 min. Je suis très fier de ce finish. »
Une expérience très enrichissante
Pierre-Louis dit avoir beaucoup appris sur lui-même pendant cette course. « J’ai dû gérer mon temps de sommeil, me dépasser, penser sur le long terme, m’économiser et apprendre à mieux connaître mon corps pour ne pas me cramer. C’est une expérience vraiment enrichissante. Une fois arrivé à Pointe-à-Pitre, j’étais heureux de retrouver les miens, d’être sur la terre ferme, mais j’ai senti aussi comme une nostalgie que cette aventure se termine. D’autant que c’était la dernière fois avec ce bateau. C’était un mélange bizarre de sentiments. »
© Qaptur
Le Département du Calvados accompagne financièrement Pierre-Louis Attwell dans son parcours sportif depuis 2018.
Des projets pour les patients atteints de MICI
En parallèle de la construction de son bateau et de la préparation des courses, Pierre-Louis met en place un projet de projection d’un film sur sa saison 2022 auprès des patients atteints de MICI mais aussi du grand public. « L’idée est de pouvoir montrer comment, malgré la maladie, on arrive à franchir les étapes et à gravir les obstacles pour réaliser son rêve. Chaque projection sera suivie d’une conférence avec des médecins. L’objectif est de créer une énergie autour du film qui permette aux patients de se rencontrer et de discuter. Chaque course est une opportunité pour faire connaître le combat contre la maladie de Crohn et les MICI en général. »
© Qaptur
De nombreux défis pour 2023
Depuis la fin de la course, Pierre-Louis a le regard tourné vers les projets pour 2023. Et, en particulier, la construction du nouveau voilier.
« Cette Route du Rhum 2022 a été pour moi une fin de cycle puisque je fais construire un nouveau bateau. Cette perspective me donne encore plus soif d’aventure et l’envie de m’investir sportivement pour moi mais aussi pour les patients atteints de MICI et pour mes partenaires. »
Un voilier beaucoup plus performant
Pierre-Louis veut pousser encore un peu plus loin son projet. « C’est important pour moi de garder cet aspect compétitif avec un voilier de nouvelle génération. Je ne veux pas toujours refaire la même chose, je veux que mes journées soient toujours différentes et sentir une évolution dans mon parcours. C’est dans cette optique que j’ai choisi un bateau plus performant. Il s’agit toujours d’un Class 40 mais de type “Scow”, modèle “Mach 5”. Il est fabriqué dans les chantiers JPS à La Trinité-sur-Mer, des constructeurs réputés. J’ai aussi choisi un architecte spécialisé, Sam Manuard, et nous avons pensé ensemble les plans d’aménagement, les options et tous les équipements. »
Le choix des équipements est primordial
Avec Maxime, son préparateur, Pierre-Louis a également réfléchi à tous les détails techniques, de la forme de la coque à la taille des différentes voiles, en passant par les cordages, les poulies, les winches. « Tout est important, y compris le poids des gilets de sauvetage. Le choix des voiles, par exemple, est primordial. Nous sommes limités par une surface maximale à emporter à bord, mais nous devons penser stratégie pour qu’elles correspondent à la forme de la coque, à l’angle du vent que nous allons normalement trouver. Il faut que tout rentre dans le cahier des charges des compétitions mais aussi que ce soit adapté à ma façon de naviguer. »
Première course : la Normandy Channel Race
Pour l’instant, certaines parties du bateau sont prêtes mais il faudra encore tout assembler ensuite. La mise à l’eau du bateau est prévue à la mi-avril à Lorient. « Ensuite, nous devrons naviguer tous les jours pour prendre le bateau en main et nous adapter aux nouvelles technologies. Ces bateaux de nouvelle génération sont plus rapides et performants mais donc plus violents à manœuvrer. Pour nous protéger, ils sont équipés désormais de “casquettes” pour diriger à l’abri des embruns et du froid. Il faut s’y habituer. Le chantier naval JPS assurera un suivi avec nous au début pour voir s’il y a quelques modifications à apporter sur les équipements. »
La première course de Vogue avec un Crohn 2 sera la Normandy Channel Race avec un départ de Caen début juin. Viendront ensuite plusieurs courses : Les Sables-Horta-Les Sables, la Rolex Fastnet entre Cherbourg et l’Irlande, la 40’Malouine et la Transat Jacques Vabre. Un programme 2023 bien chargé.
Un staff médical très impliqué
À la fin de la Route du Rhum, à Pointe-à-Pitre, des patients qui avaient suivi l’aventure de « Vogue avec un Crohn » sont venus à la soirée d’échanges qui avait été organisée. « C’était un moment très important pour eux de pouvoir raconter leur histoire aussi. J’étais très ému de les rencontrer. De mon côté, je suis toujours suivi par une équipe médicale avec mon médecin, un chirurgien, un nutritionniste. C’est très rassurant car ils sont tous très impliqués dans mes projets. »
Infos pratiques
Pour suivre les aventures de Pierre-Louis, Maxime et Vogue avec un Crohn 2
https://www.vogueavecuncrohn.com/
LIRE AUSSI
Ports du Calvados assurera l’exploitation des 7 ports départementaux en 2023
En charge de la gestion des sept ports départementaux du Calvados, le Département
crée la SEMOP Ports du Calvados afin d’harmoniser leur exploitation.
Elle sera opérationnelle dès janvier 2023.