SUR LA ROUTE
des voyageurs de commerce
Du saltinbanque au représentant de commerce en passant par les nomades et les forains, les marchands ambulants ont longtemps contribué à l’histoire du commerce dans notre région. Qui sont-ils et comment ont-ils exercé leur métier ? Retour sur ses voyageurs du commerce qui ont sillonné les routes du Calvados.
Des métiers réglementés au début du 20 e siècle
En 1895, une enquête nationale pour connaître le nombre de personnes nomades en France est réalisée. à partir d’elle, en 1912, la première réglementation française des professions nomades et ambulantes est adoptée. Elle est restée en vigueur jusqu’en 1969. Auparavant, en 1937, est créé le statut de voyageur de commerce. Chaque personne exerçant la profession de VRP doit désormais être titulaire d’une carte professionnelle, valable un an et renouvelable. Ce statut a existé jusqu’en 2004. En 1969, c’est la fin de la législation sur les professions ambulantes. Il ne reste d’obligations que pour les nomades qui doivent se faire établir un livret de circulation. Cette dernière procédure a perduré jusqu’en 2016.
Carnet d’identité de la foraine Thérèse Auffray délivré le 14 juin 1938, Archives du Calvados, 40M/10 © Archives du Calvados
… et un statut de forain réglementé
Toujours d’après la loi de 1912, le statut de forain désigne toute personne de nationalité française exerçant une profession réglementée et ne disposant pas d’un domicile fixe. Chaque forain doit alors posséder un carnet individuel avec photographie à présenter en cas de contrôle. Toute personne exerçant une profession réglementée ne disposant pas de domicile fixe et de nationalité étrangère, est quant à elle considérée comme nomade. Chaque nomade de plus de 13 ans doit être porteur d’un carnet anthropométrique individuel avec photographie et empreintes digitales réalisées selon la méthode de Bertillon. Chaque groupe doit également posséder un carnet collectif, sans photographie cette fois, mentionnant tous les membres du groupe y compris les enfants de moins de 13 ans.
Outre leurs carnets collectifs et individuels, la loi de 1912 impose également aux nomades de munir leurs véhicules d’une plaque de circulation spécifique.
Il n’est pas rare à l’époque que la distinction entre nomades et forains soit difficile à établir.
Un âge d’or dans les années 1970
L’histoire du commerce ambulant en France et dans le Calvados, dont l’apogée est atteinte au début des années 1970, évolue au fur et à mesure des années. Les professions se diversifient : saltimbanques, rémouleurs, puis placiers en produits pétroliers et en boissons, notamment alcoolisées, laissent peu à peu la place aux représentants des titres de presse et les publicitaires. La profession se féminise également au fur et à mesure des époques avec l’arrivée croissante des femmes.
Des fonds d’archives riches en informations
Les Archives du Calvados conservent des documents permettant de retracer le parcours des voyageurs de commerce passés par le territoire de notre département.
Les notices individuelles des marchands ambulants, forains ou nomades et les cartes de voyageurs de commerce contiennent de très nombreux renseignements personnels, notamment sur l’état-civil des demandeurs. Elles offrent en outre un remarquable panel de photographies d’identité, certains requérants ayant dû faire refaire de nombreuses fois leur carnet ou leur carte professionnelle. Ces cartes et les photographies qui les accompagnent permettent notamment de suivre les voyageurs de commerce à divers âges de leur vie. Pour les nomades, des carnets collectifs comportant parfois les noms des enfants sont préservés.
Pendant près d’un an, un travail méticuleux a permis de mieux connaître et décrire ces fonds. L’occasion d’évoquer cette histoire singulière …
Cet article a été réalisé en collaboration avec les Archives du Calvados.
Carnet anthropométrique du nomade Léon Cicéron délivré le 27 octobre 1920, Archives du Calvados, 40M/4 © Archives du Calvados
Loi de 1912 : un récépissé de déclaration nécessaire…
Selon les termes de la loi de 1912, légiférant les professions des voyageurs de commerce, est défini comme marchand ambulant toute personne exerçant une profession réglementée et disposant d’un domicile fixe. Les marchands ambulants travaillent généralement sur les marchés et doivent être munis d’un récépissé de déclaration. Ce feuillet comporte en général une photographie et des informations relatives à l’état civil et les situations militaires.
Certificat de bonnes vie et mœurs délivré à Ernestine Régibier le 30 mars 1942, Archives du Calvados, 125W/86 © Archives du Calvados
Carnet de voyageuse de commerce délivré à Ernestine Régibier le 18 juin 1947, Archives du Calvados, 125W/93 © Archives du Calvados
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